« La France est en train de changer. Elle change beaucoup plus vite et beaucoup plus profondément qu’on ne le croit. Désormais, quand y a une grève en France plus personne ne s’en aperçoit. » (Extrait audio)
Le président de la république a opté pour la stratégie du pire. L’objectif ? Monter les grincheux de France contre les manifestants de France et les désigner comme boucs émissaires à la crise. Sarkozy fait le pari que ce socle d’électeurs grincheux serait assez large pour le porter au second tour lors des prochaines présidentielles. S’il dit aujourd’hui dans tous les médias craindre les débordements, c’est parce qu’il les espère et les attend comme son propre salut. Face aux luttes classiques organisées par les syndicats, l’issue du conflit semble incertaine et risquée.
Cette stratégie est moralement inacceptable. Mais comment a-t-on bien pu en arriver là ? Le pouvoir se crispe, provoque et n’écoute plus. Il ne cherche même pas à dissimuler le mépris, il l’exprime et l’assume. Face à cette situation, je ne crois pas que les moyens de lutte classique soient efficaces. Les manifestations alertent l’opinion, mais sur le long terme, c’est épuisant, répétitif et peu productif. Pour réellement gagner, il faudrait ébranler le socle électoral des 26 % – 28 % de grincheux. Pour cela, il faut changer de stratégie de mobilisation et transformer le simple râle de la rue en quelque chose de plus positif et constructif sur le long terme.
Grève des transports négative, la stratégie de division consciente organisée par la gauche des conflits
Par exemple, plutôt que de pénaliser l’adoption des transports en commun en organisant leur arrêt, pourquoi ne pas lutter en imposant leur gratuité ? D’abord, cela permettrait à l’opinion de soutenir plus facilement le combat des cheminots, de plus, la voiture est un moyen de transport polluant qu’il faut limiter le plus possible. La régularité du service de transports en commun est un point essentiel si nous voulons leur adoption massive. C’est une cause qui vaut autant le coup d’être défendu que le système des retraites. La disponibilité des cheminots dans les gares SNCF permettrait de créer un échange avec les usagers et les faire sympathiser à la cause.
Une auto-gestion des services universitaires ?
Les services universitaires sont fermés de plus en plus fréquemment, la bibliothèque notamment, ce qui est assez embêtant surtout quand les cours sont déjà supprimés. Les étudiants pourraient très bien se la réapproprier pendant que le personnel fait grève et l’auto-gérer. Cela montrerait à l’opinion une jeunesse mobilisée, révoltée et qui prend ses responsabilités. À l’intérieur de l’université, les liens entre étudiants se densifieraient et il y aurait toujours la possibilité de poursuivre ses études. Au moins, les grincheux ne traiteraient plus les citoyens mobilisés de faignants. On peut imaginer cela dans bien d’autres secteurs d’activités.
Plus je réfléchis au sujet, et plus cette option auto-gestionnaire me semble séduisante. La culture militante française est toute autre, il faut bien l’avouer. Le travail à accomplir pour avoir un début d’application concrète de ces idées semble énorme… Cependant, durant les périodes de troubles, tout change beaucoup plus vite, et peut être pas dans le sens où le président Sarkozy l’espère…