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Le MoDem est devenu PD

Voilà les mots qu’utilisent Patrick Devedjian pour qualifier le Mouvement Démocrate: « Le MoDem est une passoire ». Avec la délicatesse de caractère qu’on lui connaît (« cette salope…»), il met le doigt sur une réalité que le MoDem aurait tord de nier. La liste paraît sans fin, le récent départ de Quitterie, les multiples parlementaires et sénateurs qui ont été cherché un siège ailleurs, les personnalités civiles qui rejoignent nos listes pour les Européennes, le départ d’un certains nombres de militants après les présidentielles, il faut admettre qu’il y a du renouveau, les spaghetti s’agitent dans tous les sens !

En fait, le MoDem devrait revendiquer son statut de « passoire ». Il n’est pas un parti comme les autres. A mesure que son leader s’affirme dans l’opinion, que les thèmes sont repris, le parti semble rétrécir. C’est un processus d’auto-destruction qui s’est engagé avec pour destination 2012.

Le jugement de François Bayrou est sévère et frappe de plein fouets la logique d’appareil, les tractations de couloir et l’opacité des partis politique. Les militants du MoDem partagent bien souvent ce point de vu et -à notre corps défendant- nous avons construit ce que nous continuons de critiquer. Oui, nous avons construit une organisation politique sujette aux luttes de pouvoirs.

Certaines baronnies ont cédé, d’autres restent bien ancrées, de nouvelles se sont créées. Les stratégies de conservation sont vivace et les stratégies de subversions misent en place par la base semblent s’essouffler voire s’éteindre peu à peu.

Notre organisation est aujourd’hui hiérarchisée et programmée dans le but de porter un homme à la victoire aux présidentielles de 2012. « Le parti est en ordre de marche » a déclaré François Bayrou. Quoi de plus normal ? Cette troisième force politique ne s’est-elle pas construite autour de la volonté d’un homme désirant plus que tout accéder à la fonction suprême ?

La nature même de la 5e république induit la création de partis politiques ultra-présidentialisés. Nous n’avons fait que nous adapter aux institutions politiques françaises. Nous avons joué intelligent, c’est à dire au plus près des règles implicites imposées par le système. Pour cette raison, nous avons toutes nos chances en 2012 .

Mais le Mouvement Démocrate est de plus en plus fort et de plus en plus craint. Comme le montre les récentes attaques et plus encore ses thèmes qui sont de plus en plus largement repris. Situation paradoxale, mais en même temps tout à fait révélatrice d’un leader qui trouvent ses appuis dans la société, dans les conversations des français au quotidien, au travail, en famille à la maison, mais également dans les actions menées par les associations qui défendent nos libertés publics (Internet sans frontière, amnesty international)… Un contexte favorable se créé de lui même. Tout ce mouvement prépare indirectement le terrain pour 2012.

Et si le vrai Mouvement Démocrate était dans la société civile ?

Pour autant, je suis en total désaccord éthique avec ce que nous sommes devenus. Et si demain ce type d’organisation nommé parti reste globalement efficace, ce sera seulement parce que nous aurons innové dans notre organisation Internet. Cette innovation majeure est en train de transformer la politique. Internet donne les moyens à la base de contraindre (un peu plus) les dirigeants à écouter et les entendre. Ce n’est pas une mince révolution même si elle n’apparaît pas encore très clairement dans la politique Française.

Le départ de Quitterie me conforte dans mes propos. Elle est à la fois la signature de l’arrêt de mort du Mouvement et l’acte de naissance du Parti Démocrate.

Nous pouvons dans ces conditions légitimement nous posé des questions quand à la nature de notre engagement si nous ne cherchons pas de responsabilité au sein du parti. D’autres formes de militantismes, à l’extérieur du parti, ne seraient-elles pas plus efficaces ?

11 commentaires pour “Le MoDem est devenu PD

  1. Bien plus qu’efficaces, complémentaires!

    Dans les valeurs et la diversité qui nous ont menés à créer ce mouvement, j’ai toujours eu la conviction que l’ouverture était fondamentale et que s’il avait un grand besoin de fidélité, le MoDem ne demandait aucune exclusivité à ses militants.

    On peut être fidèle à un mouvement politique comme le MoDem en s’engageant aussi ailleurs, notamment dans la société civile. J’avais même compris que c’était encouragé par F. Bayrou lui-même.

    S’ouvrir et ne pas avoir peur de l’autre. C’est d’abord ça faire de la politique autrement. À force de se rendre hermétique on perd sa lucidité et sa cohérence. Je préfère être témoin d’allers et venues, de départs plus ou moins violents et d’irruptions plus ou moins bienvenues que d’alignements systématiques quasi-militaires comme on peut voir ailleurs.

    Au moins le MoDem est vivant.

  2. « Si demain ce type d’organisation nommé parti reste globalement efficace, ce sera seulement parce que nous aurons innové dans notre organisation Internet. Cette innovation majeure est en train de transformer la politique. Internet donne les moyens à la base de contraindre (un peu plus) les dirigeants à écouter et les entendre. »

    Parfaitement d’accord. Quelque part, c’est ce que raconte Quitterie – et les dizaines de personnes qui, même ne la connaissant pas, ont résonné comme elle ce week-end. Hors des histoires d’égo, il y a là une tendance lourde que certains se refusent à entendre. Bientôt nous serons prêts pour créer une, hum, organisation parallèle, principalement « en ligne » (mais pas uniquement), flat, efficace – pour pousser un ordre nouveau. Via Bayrou (malgré tout ses défauts) ou un autre s’il faut (quoique je ne vois pas qui pour l’instant)…

  3. Tu dis que tu es en total désaccord avec ce que nous sommes devenus mais tu développe pas plus ce passage. Que regrettes tu et comme aimerais tu que soit notre parti?

    Ma vision personnelle étant que nous devons aujourd’hui jouer avec les règles de la 5 ème république pour un jour pouvoir la modifiée et ainsi permettre à tous les citoyens de s’exprimer, d’être représenté, de pouvoir faire changer les choses.

  4. « Le MoDem est devenu PD: Voilà les mots qu’utilisent Patrick Devedjian pour qualifier le Mouvement Démocrate »

    Ironique à plus d’un titre. « Salope ». « Patrick Devedjian ». Etc.

    Pour réagir sur le fond, je crois qu’on peut tout à fait continuer à participer à la vie du parti tout en portant ses efforts militants ailleurs, dans la société civile, dans d’autres formes de combat. C’est, àmha, ce qu’aurait dû faire Quitterie. Si elle ne voulait plus de responsabilités politiques, rien ne l’obligeait non plus à rendre sa carte…

    Je respecte sa décision et son ressenti, mais je pense que c’est un peu facile de refuser les responsabilités au motif qu’on se corromprait… ça me rappelle la pensée de Besancenot, Krivine et toute l’extrême-gauche anarcho-trotskiste.

    Qu’elle ait envie d’arrêter, c’est son choix. Qu’elle ait envie de continuer le combat autrement que dans le parti, c’est légitime. Mais suggérer le tous pourris, c’est dommage. Il faut être exigeant avec soi-même et tolérant avec autrui.

    « Vous devez être le changement que vous voulez voir dans le monde »
    Mohandas Gandhi

  5. Oui c’est du coté de la société civile et du monde associatif qu’il faut s’ouvrir.
    Je milite pour cette voie au MoDem ; elle est la seule façon de secouer le bocal. Le MoDem aussi a besoin de se ressourcer par des allers-retours rafraichaissants et en allant chercher des compétences hors parti.
    Il y a tout un travail de connexions à mettre en place. Je serais ravi qu’on y travaille avec tous ceux qui pensent qu’en effet c’est la « création collaborative » qui peut bouger la politique.

  6. => « D’autres formes de militantismes, à l’extérieur du parti, ne seraient-elles pas plus efficaces ? »
    .
    à la problématique sur tu poses, j’apporterais cette réponse : non, mais des actions complémentaires peuvent être menées de front parallèlement au travail de base que l’on nous demande ; ces actions sont même indispensables.

  7. le problème du modem c’est qu’il ne fixe pas les règles du jeu. soit il se marginalise en se mettant hors jeu soit il s’adapte aux règles et c’est ce qu’il fait pour se construire une image crédible.

    une des règles est la notoriété des candidats.c’est nul mais c’est comme cela….. a partir du moment ou des personnalités n’émergent pas en interne il est logique d’aller en chercher dans la société civile…. c’est du pragmatisme purement électoral et il faut l’accepter .

    la notoriété d’un candidat c’est les quelques % en plus qui feront qu’un candidat aura une chance de gagner ou que les suivants de la liste puissent se faire élire . tous les partis le font!!!!!

  8. @Awkz

    « Tu dis que tu es en total désaccord avec ce que nous sommes devenus mais tu développe pas plus ce passage. Que regrettes tu et comme aimerais tu que soit notre parti? »
    Je pense que nos portes ne sont pas suffisamment ouverte et que le système d’organisation horizontal n’est pas suffisamment développé. J’aurais aimé un mouvement avec une Quitterie Delmas épanouie et des démocrates en mouvement toujours en mouvement. Autrement dit, une meilleure intégration des nouveaux adhérents et un espace qui leur aurait permis d’auto-organisé leur militantisme. J’aurais voulu un mouvement d’idée à l’intérieur et non pas un commando de transformation de la société. En fait, je n’aime pas le parti même si je reconnais son utilité. Son système d’organisation ne correspond pas aux valeurs que nous défendons. S’il avait été possible de ne pas avoir de parti du tout pour porter l’aspiration des français, cela aurait été mon idéal.

    « Ma vision personnelle étant que nous devons aujourd’hui jouer avec les règles de la 5 ème république pour un jour pouvoir la modifiée et ainsi permettre à tous les citoyens de s’exprimer, d’être représenté, de pouvoir faire changer les choses. »
    Le système politique actuel est beaucoup trop assimilationniste, et si nous accédons au pouvoir, les règles que nous changerons seront plus implicite et symbolique que réelle et effective dans la lois. Les choses étant ce qu’elles sont, l’héritage politique est lourd, les habitudes tenaces, les changements seront ridicules par rapport à notre volonté de départ.

    Je sais déjà que je resterais sur ma faim.

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