La « concertation » se poursuit autour de l’aménagement du quartier gare de Guyancourt attenant au projet de ligne 18. L’établissement Public d’Aménagement use de tous les artifices pour justifier l’existence de ce projet pharaonique auprès de nous les habitant.es. Le dernier en date nous propose même d’être ambassadeur ou ambassadrice du quartier, c’est à dire tracter gratuit pour l’EPAPS. Comme si cela pouvait relever d’un acte militant émancipateur de construire ce quartier alors que les principaux soutiens de ce projet sont les spéculateur.ices immobiliers.
Une vision déconnectée de l’urgence climatique
Comme je le soulignais dans mon dernier article sur la mobilisation autour de la Sécurité Sociale de l’Alimentation, le prix des denrées alimentaires vont continuer à progresser ces prochains mois en raison du cout de l’énergie, des sécheresses et de la diminution de la production agricole européenne. Plus que jamais, l’investissement dans ces deux domaines que sont l’agricole et l’énergie sont indispensable pour que nous gagnions en autonomie et soyons moins dépendant en cas de crise. Le quartier-gare prévu est très dense et n’apporte pas réellement de réponse énergétique et climatique, bien au contraire, il amène à consommer l’espace agricole du plateau de Saclay et à consommer plus d’énergies de toutes sortes. Comment pourrions-nous vivre durablement à Guyancourt et alentours avec ce projet ?
Des bassins d’habitats bousculés par la traversée de la ligne 18
Cette gare constitue un axe de transit et va accélérer les flux de travailleur.euses et bousculer des bassins d’habitats pourtant fonctionnels. Comme le montre l’urbaniste Jacqueline Lorthiois, la demande de déplacement lointain est faible sur le bassin de Saint-Quentin-en-Yveline et le nombre d’habitant.es travaillant à proximité est élevé, cela ne justifie pas un moyen de transport dit « lourd ». La ligne 18 et le quartier gare remettent en cause cet équilibre pourtant intéressant qui permet à de nombreux habitant.es de travailler à proximité.
Un scénario 2050 crédible de dépeuplement de l’île de France
Le très sérieux institut Momentum a publié en 2017 un scénario prospectif de l’île de France d’ici à 2050. Ce dernier table sur un phénomène de dépopulation de la région en raison de l’augmentation du coût de l’énergie et des denrées alimentaire. Si ce scénario s’avère exact, la ligne 18 et le quartier gare seraient indubitablement un mauvais investissement. La construction de logement de sociaux défendu par la municipalité, à raison, ne suffirait pas à compenser la perte de pouvoir économique des couches populaires et moyennes lié à la mauvaise organisation écologique du territoire. Une politique intéressante serait la reconversion d’espace de bureaux et de logement déjà existant en logement sociaux afin de ne pas augmenter la surface artificialisée permettre à chacun.e d’habiter sur place selon ses revenus.
Vers un quartier du « bien vivre » à construction lente ?
Un autre quartier est cependant possible. Sans les investissements de l’état ce serait évidemment beaucoup plus lent, mais ne dit-on pas que les constructions les plus lentes sont les plus solides ? D’autant que ces investissements pour le tronçon saint-quentinois de la ligne 18 sont encore de l’ordre du potentiel, ils ont été repoussé une première fois, il pourraient être repoussé une seconde fois.
Etant donné le contexte national d’instabilité chronique, il est permis de se projeter sur un autre quartier. Pourquoi pas sur la base d’un nouveau types de logements sociaux, déconcentré et gérés directement par des groupes de locataires, et construit avec des matériaux écologiques.
La réflexion sur un quartier à construction lente peut très bien être menée en parallèle de la concertation, à travers les lieux de socialisations de la ville… AMAP, bistrots, parcs pour enfant, zaclay… cette concertation permanente qui ne peut pas être encadrée… N’est-ce pas dans ces espaces informels que naissent les meilleures idées ?