Alors que je croyais naïvement que le gouvernement respecterait le vote des eurodéputés sur la question de la riposte graduée, j’ai été bien vite détrompé par les propos fallacieux de Christine Albanel.
Christine Albanel avait déjà déclaré que le vote des parlementaires européens « ne s’oppose pas au projet Hadopi et à la riposte graduée. Aucun des États membres qui composent le Conseil de l’Union, pas plus que la Commission, n’ont manifesté leur volonté de soutenir un amendement de cette nature« .
Comme si le gouvernement ne faisait pas déjà suffisamment souffrir nos institutions, aujourd’hui Frédéric Lefebvre demande d’urgence (une seule lecture) l’examen du texte Internet et Création instaurant la riposte graduée. Inutile de rappeler la démagogie et la stupidité qui caractérise les déclarations du porte parole de l’UMP, j’imagine que mes lecteurs situe le personnage. Ce n’est pas si étonnant que celui-ci ramène sa fraise dans l’histoire, il est fondateur d’un cabinet de lobbying (Perroquet institutionnel communication (Pic conseil)…
Heureusement, les internautes sont là et défendent leurs droits. Bravo à la quadrature pour leur réponse à cette provocation:
Paris, le 29 septembre 2008. La Quadrature du Net a pris connaissance des propos du porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre[1], suite au vote par le Parlement européen d’un amendement rappelant l’illégalité de la riposte graduée.
La Quadrature du Net demande aux parlementaires de la majorité non soumis aux intérêts des lobbies de l’industrie culturelle d’intervenir auprès de leur parti et du gouvernement, pour qu’ils abandonnent leur projet liberticide mort-né, au lieu d’envisager de le passer en force comme le réclame Frédéric Lefebvre. Elle les invite également à demander la démission de ce porte-parole, dont la démagogie n’a d’égal que son art consommé de la désinformation.
Il est en effet totalement fallacieux de présenter cette condamnation sans appel de la riposte graduée comme le seul fait d’élus de gauche : l’amendement 138 a été massivement voté par les eurodéputés (574 voix pour, 73 contre)[2], y compris donc par les libéraux de la ALDE et les conservateurs du PPE, parti auquel est rattaché l’UMP. 88% des eurodéputés qui se sont exprimés ont condamné la riposte graduée. Le nier est un déni de démocratie, préjudiciable à l’image de la France alors qu’elle préside l’Union Européenne.
Quant à dire que ceux qui s’opposent à la riposte graduée sont contre la rémunération des artistes, cela relève tout simplement de la démagogie : les opposants au projet de riposte graduée proposent tous des modèles économiques et/ou des mécanismes de financement mutualisé[3], qui permettraient une rémunération des créateurs à l’ère du numérique, sans porter atteinte aux droits fondamentaux des internautes.
À l’inverse, le projet de Christine Albanel, que Frédéric Lefebvre soutient aveuglément ne rapportera aucun centime de plus aux artistes, tout en portant atteinte aux libertés publiques.
Les quatorze juristes français qui viennent de co-signer un édito dans le dernier numéro de la revue juridique de référence Dalloz le disent aussi explicitement que le Parlement européen. La CNIL européenne l’a également rappelé début septembre [4], rejoignant sur ce point la CNIL française[5], la Commission pour la libération de la croissance française [6], l’ISOC [7], l’ASIC [8], l’AFA [9], l’UFC-Que Choisir [10], l’Electronic Frontier Foundation [11] et la multitude d’organisations françaises et européennes soutenant la Quadrature du Net.[12]
Hormis les producteurs de disque et de films, et la poignée de people manipulés leur servant d’alibi, la riposte graduée fait donc l’unanimité contre elle, et le doute quant à sa légalité en droit communautaire n’est plus permis.
« Ce projet est inepte et liberticide. Il coûtera des millions d’euros au contribuable pour une efficacité nulle. » déclare Jérémie Zimmermann, co-fondateur de la Quadrature du Net.
La majorité UMP a donc le choix : soit prendre acte du décès de la riposte graduée, soit emboîter le pas à Frédéric Lefebvre, au risque de passer, comme lors de l’examen de la loi DADVSI, pour la droite autoritaire la plus bête du monde sur les enjeux du numérique.
Merci à Quitterie pour l’alerte.
Vous pouvez agir directement en signant la pétition de SVM le mag.
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