Il est 6h42, je rentre à peine. Une sympathique soirée entre « sociologiste » pour pré-fêter noël. Ces dernières 8 heures furent riches en conversation, en nourriture mais également en alcool. Bref, une luxure de bon aloi.
Ayant décidé de ne pas trop m’éterniser à Viroflay, je suis partis à 5h30 tapante pour prendre le train de 6h00. J’arrive à la gare, il fait un froid de canard. Je cherche un endroit pour m’abriter. Par chance, la maison de la gare est ouverte. J’y entre et m’installe sur un banc. Ma vision est un peu brouillée par les festivités de cette nuit, cependant je distingue un livre près de moi. Il semble abandonné. Son titre « le degrès zéro de l’écriture » de Roland Barthes, je le ramasse et tente de le lire en attendant mon train qui est prévu pour dans une vingtaine de minute. Impossible de me concentrer. Je décide de le prendre afin de le lire une fois remis de mes émotions tout en me promettant d’abandonner un livre en ma possession, book crossing spirit, demain je déposerais dans un espace public le prince de Machiavel.
Et puis débarque un homme dans le hall de gare. Une cinquantaine d’année, il a un sac de voyage avec lui. Je le regarde l’air intrigué, que fait-il à cette heure là ? Il me scrute et lâche « Sale temps, hein ? ».
-Oh oui, il fait un froid de canard. Heureusement que le hall est ouvert.
Nous commençons à discuter. Il m’apprend qu’il est agent de sécurité. Je lui apprend que je suis étudiant. Nous attendons tous les deux le train pour nous rendre à St-Cloud. Nous discutons de choses et d’autres sans grande importances, le train finit par arriver. Nous faisons le trajet ensemble. Nous discutons de la situation des étudiants qui lui paraît plutôt confortable par rapport à la situation de l’époque. Je lui décris le quotidien qui est le notre et lui avoue que de nombreux étudiants ayant obtenue un master ont du mal à trouver un job. Il m’écoute attentivement, la vie d’étudiant n’est pas celle qui lui paraît. Il me parle de Bruno Juliard. Probablement est-ce la figure type de l’étudiant qui se plaint tout le temps pour les français qui n’ont plus d’enfant dans le système universitaire. Il lui reconnaît du talent mais le trouve coupé des réalités.
Nous arrivons à St-Cloud, en sortant il m’avoue « Je suis de droite » et commence une auto-justification comme s’il devait en avoir honte. Je lui coupe la parôle et lui avoue que je fais partie du MoDem, le mouvement de François Bayrou. Il me dit qu’entre Royal et Bayrou, il aurait voté Bayrou. Parce qu’après tout Bayrou est quand même de droite. J’ai été choqué par cette réaction en mon fort intérieur. Voir Bayrou comme un homme de droite me paraît tout à fait érroné, pourtant c’est encore la vision de nombreux Français. Je lui ai dis que je ne voyais pas les choses de cette manière mais qu’en un sens il avait raison, Bayrou partage certaines valeures de droite. Nous nous sommes quittés sur ces quelques parôles, je lui ai serré la main puis je suis rentré dans ma très douilette cité U d’où j’écris ce billet.
Il se fait tôt et je vais dormir un peu avant de me lever dans quelques heures…
Antonin, quand on faisait les marchés (MIP MIP m’a dit qu’elle faisait pareil), quand on tombait sur des gens de droite, on était avec eux et vice versa… C’est choquant mais c’est le centre, euh l’humanisme démocrate. Ca parle pas aux français ça, il faut séduire. C’est la politique.
En tout cas, ton blog progresse, il est meilleur qu’avant. Il y a une touch, des idées. C’est moins bisounours. Et tu as perdu le melon que tu commençais à avoir il y a qlq mois alors que d’autres l’ont bien repris.
Continue !
Cette expérience témoigne du travail pédagogique que nous avons à faire pour enraciner au « centre » les valeurs dont tu parles. Car je pense que ces valeurs (notamment l’humanisme) ont été récupérées par la Droite et la Gauche. Par conséquent, Bayrou n’est pas de Droite ou de Gauche, ce sont certains politiques de Gauche et de Droite qui sont au Centre !
Alors, la gueule de bois ?!
😉
@Pierre,
Ça va, j’ai la chance de ne jamais avoir mal à la tête après de tels soirée :-))
@LCDM,
Je suis rassuré… Lorsque j’ai écris ce texte j’étais un peu éméché, ça semble plutôt me réussir. Ça doit faire ressortir ma modestie naturelle ou un truc comme ça.
Sinon, c’est vrai que quelque part ce positionnement vers les électeurs est à la fois faible et pratique. Pratique parce qu’on peut argumenter dans un sens et dans l’autre, faible car ça ne nous permet pas de créer un électorat fidèle aux valeurs du « centre ». Comme le dit Pierre, il y a un énorme travail à faire de ce coté là.
Le système bipolaire, toujours.
Droite, Gauche, Centre, Milieu, troisième voie, tout cela ne représente que des mots auxquels on donne l’importance qu’on veut bien lui attribuer !
La nouvelle dimension du MoDem, c’est d’aller vers le haut de l’humanisme, qui n’est ni de droite ni de gauche. Dépassez donc la matrice mondiale de la révolution française qui finit par imposer deux blocs en opposition.
Un bébé, est-il de droite ou de gauche en naissant ? Foutaises !
Alors travaillons à l’épanouissement de la femme et de l’homme, les humains !
Amicalement
Christian
Tout à fait d’accord avec Christian. On ne définit pas une politique par un positionnement relatif sur un axe abstrait (et à une seule dimension qui plus est). En réalité il faut séparer deux choses : le positionnement idéologique, fin et complexe, qui ne se résume pas à des mots vides ; et la pratique parlementaire, qui elle est assez binaire et doit être claire (majorité ou opposition).
Bref, nous devons être clairs dans la posture parlementaire (et ça y est, Bayrou a enfin dit qu’on était dans l’opposition) et précis dans le projet alternatif (on l’est déjà sur les principes et on travaille les détails).
Le PS, lui, oublie le projet pour se fondre dans la posture (« gauche » à répéter cent fois pour donner l’impression que ça définit une politique) : il est condamné à n’être qu’une force d’opposition, jamais de proposition.
À chaque fois qu’on essaie de nous catégoriser (droite, gauche, et même centre), il faut répondre avec constance : nous sommes dans l’opposition à la politique du gouvernement, mais ce n’est pas cette opposition qui caractérise notre pensée : nous voulons ceci (détailler…) à la place (ou : « mais ce n’est qu’une conséquence de notre vision de la société, que nous voulons comme ceci… »).