On peut distinguer deux types de visions de la démocratie aujourd’hui, les démocraties où l’on est d’accord, et les démocraties où l’on est pas d’accord.
Lorsque j’ai adhéré au mouvement démocrate, j’ai pensé tout d’abord avoir rejoins une vision consensuelle de la démocratie. L’union nationale proposée par François Bayrou est un bon exemple de démocratie du consensus. Un peu comme la démocratie Allemande ou Italienne, pour gouverner il est nécessaire de rassembler de nombreux courants.
L’UDF était un parti consensuel. Il avait cette vision de la démocratie où pour avancer il faut faire des concessions. La politique du raisonnable pourrait-on dire.
Je pense que les militants démocrate qui pensaient de cette façon sont pratiquement tous parti au nouveau centre.
En réalité, le Mouvement Démocrate n’est pas un mouvement consensuel. C’est un mouvement disconsensuel.
Attention, cela ne signifie pas qu’il n’est d’accord avec rien et qu’il est dans une opposition systématique. Non ça veut dire qu’il ne cède rien sur le terrain des idées quitte à ne pas pouvoir influer sur les décisions de la majorité. D’ailleurs, on le voit bien sur la blogosphère MoDem, certains militants se pètent et se crachent à la gueule joyeusement sans le moindre fond.
C’est une démocratie qui promeut les réactions épidermiques et l’affecte, bref c’est une démocratie qui permet de se libérer et de s’exprimer pleinement !
Je pense que le système démocratique français est dans cette logique d’affrontement bloc contre bloc, les états-unis ressemblent un peu aussi d’ailleurs.
Les démocraties disconsensuelles permettent aussi d’amorcer des changements plus radicaux que les démocraties consensuelles qui tentent tout le temps de ménager le choux et le melon. D’après moi, les démocraties qui fonctionnent avec ce système de disconsensus sont dans un espèce d’état de révolution permanent.
La France n’aurait pas terminé 1789 ?
« Je pense que les militants démocrate qui pensaient de cette façon sont pratiquement tous parti au nouveau centre ».
Non, un petit groupe résiste encore et tjrs à l’envahisseur 😉 Plus sérieusement, je ne crois pas mais à voir selon les départements.
J’aime bien ton billet, digne d’un blog. Mais en ce qui concerne les invectives contre des personnes, tu n’as pas de leçon à donner.
Très bon article, il est vrai que Bayrou lui-même s’est de fait placé dans une situation écartée de la logique de la concession et du consensus, et il me semble cohérent que cette posture déteigne sur nos adhérents.
Je ne suis pas très d’accord. Si je comprends bien, un parti disconsensuel serait plutôt la LCR.
Je crois que nos capacités à chercher un consensus ne sont pas mortes. Cependant je crois qu’on vit (on a vécu ?) Dans un équivoque. L’UDF était un parti noble, avec des valeurs et des engagements qui personne, je crois, refuse.
Mais est-que le MoDem est « simplement » la prosecution de l’UDF avec d’autres moyens? Je suis sceptique. Nous avons un défi historique, par rapport à l’histoire du « centre » en France.
Aujourd’hui, le centre c’est Bayrou, avec nous.
Autrefois c’était Lecanuet. (VGE étant un peu un cas à part, à mon avis).
Le rôle du MoDem est de trouver ce petit « plus » qui lui permettra d’être gagnant et de pouvoir appliquer ses (bonnes) idées politiques.
Ce plus passe aussi par la fidélisation des électeurs. Cyniquement, par une politique de marque. Etre « MoDem » doit devenir quelque chose de parlant. Comme « droite » et « gauche ».
« T’es de gauche toi ? Non, je suis au MoDem. Ah d’accord. »
Pour citer J.Lassalle, la mue du club de notable au parti d’adhérents (de masse?) implique des changements de logique. Qui n’implique aucunement le reniement de l’héritage.
Tien, j’aurais pu en faire un billet 🙂
D’accord avec Hervé, c’est une très bonne idée d’avoir mis les pieds dans le plat avec cette réflexion.
Je crois que dans une communauté humaine, ce qui marche le mieux, c’est la recherche de dialogue et de consensus (plutôt que de rapport de force et contradiction, la panacée selon beaucoup de nos amis de gauche) – mais cela suppose un accord fondamental sur les finalités partagées. Ou au moins, un sentiment partagé de faire partie si durablement d’une même famille, que les désaccords apparents sur les finalités ne peuvent être que provisoires.
Je crois qu’on peut appliquer cette grille de lecture à :
Mais aussi, ce qui est plus triste, aux conflits internes du MoDem. Les militants partagent à peu près une même histoire récente (la campagne présidentielle et législative), ils ont à peu près la même ligne politique (projet/programme), mais ils ne se sentent guère d’origine commune, et la finalité de l’action commune, le « où on va », est actuellement très flou. Cela rend très difficile de faire vivre le consensus. Quand les tenants du consensus le justifient par des mots creux, dont personne ne sent la portée vivante ou émotionnelle, ça incite au dissensus…
Tout ça ira mieux demain 😉
J’ai de la chance d’avoir des lecteurs aussi intéressant 🙂 !
A Claudio, excellente phrase :
« Pour citer J.Lassalle, la mue du club de notable au parti d’adhérents (de masse?) implique des changements de logique. Qui n’implique aucunement le reniement de l’héritage ».
Je ne suis pas vraiment d’accord. Je ne crois pas que le MoDem ne cède rien. Quand nous appelons à un large rassemblement, ça sous-entend évidemment qu’il y aura des concessions à réaliser de part et d’autre.
Ce que nous refusons au MoDem, ce n’est pas le compromis, c’est le ralliement. Un ralliement, ça signifie absence de négociation sur le projet, et accord sur les sièges. Un ralliement c’est ce qu’a proposé Sarkozy à l’UDF et ce que propose Hollande au MoDem : les rejoindre sur leur programme en échange de quelques postes. Au contraire, nous voulons forcer une négociation sur le projet, à raison des forces de chacun.
Car ce que nous croyons au MoDem, c’est qu’on ne peut pas influer sur le projet si on dépend d’un autre parti. Et nous préférons alors refuser des postes plutôt que de se lier les poings : la voilà, la différence avec le Nouveau centre.
Dès lors, notre stratégie est simple : avoir un poids électoral suffisant pour ne pas devoir notre élection à d’autres. Ceci nous donnera le poids politique pour intervenir réellement dans la négociation. Cela ne signifie pas que nous soyons fermés à la négociation, sinon mon vieux on sera dans l’opposition pour encore 50 ans. Bien au contraire, c’est pour pouvoir négocier que ne ne devons pas nous rallier.
De ce fait, je pense que le MoDem est bien le parti du rassemblement et du consensus, là où le Nouveau centre, lui, est plutôt dans la soumission et le silence. Si le Nouveau centre avait vraiment eu le pouvoir d’infléchir ne serait-ce qu’à la marge le projet de l’UMP, il n’y aurait eu ni ministère de l’identité nationale, ni bouclier fiscal. Le fait que ces deux points, tellement en opposition aux valeurs cardinales des centristes, soient passés comme une lettre à la poste, ça détruit de facto l’argumentation du Nouveau centre et valide in fine la stratégie du MoDem.
antonin a écrit
« L’UDF était un parti consensuel. Il avait cette vision de la démocratie où pour avancer il faut faire des concessions. La politique du raisonnable pourrait-on dire.
Je pense que les militants démocrate qui pensaient de cette façon sont pratiquement tous parti au nouveau centre ».
ben pas d’accord, en tant qu’ancien de l’udf et adhérant modem actuellement, je suis toujours dans une logique de consensus. gouverner, c’est par moment maitriser l’art du consensus afin de faire avancer les choses. c’est en faisant des consensus qu’il sera possible de rassembler le plus grand nombre derrière un projet commun.
le modem a vocation a gouverner un jour seul ou avec d’autres, donc il faudra maitriser l’art du consensus.
la france est un pays compliqué, divisé, de plus en plus communautariste, ou la logique individualiste se développe…. pour gérer cela il ne faudra être dans une logique de gouvernance disconsensuelle…
c’est facile de tenir un discours disconsensuel quand on est dans l’opposition, réussir à tenir le même discours lorsque l’on est au pouvoir est une hérésie, car la réalité des problèmes à affronter impose des fois de « trahir » ses idéaux car les moyens mis à sa disposition ne permettent pas de tout faire…..