Une révolution appelée SUFOM ou comment gesticuler comme un connard à 8h du mat’

À 7h30 mon réveil s’est mis à sonner scandaleusement au rythme du beat de la rumeur. Ce matin, j’ai un cours professionnel à la fac de Nanterre. L’administration de la fac aime bien le mot professionnel. Ça met en valeur les étudiants paraît-il, car « cours de fac » ça fait beaucoup trop feignant. Tout le monde le sait.

En licence on doit choisir chaque semestre un cours professionnel dispensé par un organisme qui s’appelle le SUFOM. C’est plein de bonnes intentions alors j’ai décidé de jouer le jeu. Forcément, quand on nous dit « si vous voulez votre licence de sociologie, va falloir vous professionnaliser ! », on a pas trop le choix. À Nanterre, on est un peu des révoltés et les conflits ça nous connaît. Alors on l’a compris comme ça « bande de branleurs, plutôt que de faire la révolution et feignanter, on va vous apprendre la vie ». Comme des étudiants dociles on s’est dit qu’ils avaient raison, qu’après tout travailler 20h par semaine pour 50 % des étudiants ce n’était pas suffisant pour comprendre les subtilités du monde du travail.

Alors j’ai dû faire un choix. On avait pas mal de propositions. Cours de mise à niveau en orthographe, en mathématiques, techniques d’expressions… Bref, pas mal de solutions qui sont utiles quand on voit nos lacunes. Surtout que beaucoup se forment pour être professeur des écoles, donc ce n’est pas un luxe si on veux éviter de nouvelles catastrophes ambulantes. Ma première réflexion a été de me dire, « cool, une mise à niveau en orthographe, ça peut m’être utile ». Sauf que peu après j’ai vu qu’ils nous donnaient une note et que ça compte pour l’obtention de la licence. Des flashbacks me sont apparus tel un vétéran de guerre, je me revois en stress pendant les dictées en primaire puis l’humiliation des notes négatives : « Monsieur Moulart, bravo, vous avez eu -20, c’est 5 points mieux que la dernière fois. ». Il est hors de question de revivre ça.

Alors j’ai choisi « expression orale et gestuelle ». Discipline où je dois être plutôt à l’aise, ayant fait trois ans de théâtre au lycée et aimant m’exprimer en public.

Le problème c’est quand on te demande de gesticuler à 8h00 du matin alors que justement tu es un étudiant et donc feignant par essence. Surtout après avoir passé toute une soirée en observation de terrain chez les ufologues et avoir visionné 3 ou 4 épisodes de Stargate pour comprendre la philosophie de non intervention de nos amis d’outre espace. Étant en L3, il faut aussi que je prépare mon projet de mémoire pour l’année prochaine, alors je lis pas mal tout ce qui a trait à la sociologie des médias et de la politique. Je vous en reparlerai d’ailleurs… Notamment le dernier livre de Dominique Cardon « la démocratie internet » qui m’a donné des pistes intéressantes…

Les blocages ont été un bon prétexte jusqu’à présent pour ne pas aller à ce cours du SUFOM (si l’administration de la fac me lit, c’est juste une blague au goût douteux #pastapper). C’est beaucoup trop tôt. En plus, on a 14h de cours par semaine, alors faut nous comprendre, on sature grave. 3 heures sur 14 à s’agiter comme un con de bon matin quand on est là pour étudier la sociologie ça fait chier.

Je me suis donc rendormi. Pas longtemps, une petite demi-heure. Je suis arrivé à la Fac un peu avant 9h, fier de ma petite heure de retard, prêt à l’assumer comme un acte quasi-politique. Surprise, pas cours aujourd’hui ! Quel professionnalisme, quelle fiabilité. J’en suis resté coi regrettant en mon fort intérieur les heures de sommeil perdues.

Malgré ce qu’on peut croire, j’aime bien Nanterre. Je m’y suis vite acclimaté. Il y a bien un métier que l’on apprend très vite chez nous, c’est celui de râleur.

4 commentaires pour “Une révolution appelée SUFOM ou comment gesticuler comme un connard à 8h du mat’

  1. « Licence de sociologie » et « professionnaliser » dans la même phrase, il y a quelque chose qui cloche… Et c’est un licencié de sociologie qui parle.

  2. Bien sur qu’il y a quelque chose qui cloche… L’enseignement d’une discipline scientifique n’est pas une professionnalisation en soit mais les facultés française ne l’assument pas. Et surtout, les employeurs ne voient pas l’intérêt d’embaucher des jeunes dont la rentabilité immédiate est faible !

    Alors la fac communique avec des mots qui sonnent « sérieux » et « dans le coup ».

  3. Je trouve qu’il n’y a pas trop de fautes pour quelqu’un a -20 ^^

    Le premier cours d’ « expression orale et gestuelle » devait être l’étirement du matin.

    Plus sérieusement le SUFOM c’est privé ??

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