Peut-on tolérer l’opacité technologique dans l’espace public ?

Distributeurs de gâteaux, toilettes automatisés, bornes pour les cartes de transports auto-détectables, caméras de vidéo-surveillances, les nouvelles technologies sont de plus en plus présentes dans l’espace public. Si ces dernières peuvent être sources d’émancipation, comme c’est souvent le cas dans l’espace public numérique, cela ne va pas de soit dans l’espace public physique. Promenez-vous dans la rue, vous serez filmé en quasi-permanence dans les grandes villes de France. Arrêtez-vous à un distributeur de boisson et demandez-vous à quoi sert la technologie employée si ce n’est à contrôler que vous ne grugiez pas. Enfin, prenez le métro ou le train, vous devrez valider votre carte de transport électronique, la compagnie vous identifiera.

Aucune de ces trois technologies, parmi les plus présentes dans la rue, n’ont pour objet l’émancipation individuelle ou collective. Bien au contraire, elles sont installées pour collecter des informations sur vous et contrôler les transactions financières. Bien entendu, pour éviter les contournements, aucune de ces trois technologies ne sont libres d’être étudiées. Mais le pire est encore à venir… et le « début du pire » est déjà là !

Quand la publicité vous regarde…


« Le début du pire » a un autre nom : Panneaux ACL. Les panneaux ACL, au nombre de 400 actuellement sur Paris, sont des panneaux publicitaires vidéos installés dans les galeries de métro parisiennes. Ils diffusent en permanence des vidéos publicitaires commerciales. Microsoft adore ça. Le kinect et la suite microsoft office ont été longtemps à l’honneur.

Inutile de préciser que seuls les annonceurs ayant payé un bon paquet d’euros peuvent diffuser leur petite vidéo. Ces panneaux n’ont pas été réalisé pour servir de média citoyen mais bien de média au service des grands marchands.

Ces écrans sont quasi-hypnotique, la lumière dégagée et le défilement successif des images rend la publicité incontournable aux yeux des usagers. Il est presque impossible de ne pas les voir, la force coercitive est extrêmement forte. Notre temps de cerveaux disponibles, comme dirait les publicitaires, est squatté par la pub alors qu’il y aurait milles choses plus importantes à penser. Et malheureusement, nous ne pouvons utiliser adblock comme nous le ferions avec notre navigateur firefox en naviguant sur internet…

Comme si la nuisance n’était pas suffisante, les écrans ACL sont équipés de capteurs vidéos qui permettent aux publicitaires d’identifier les passants, savoir quelles parties du panneaux sont les plus regardées, combien de temps, quelle expression sur le visage du consommateur au moment où il visionne la pub… Bref, toutes les informations qui leur sont nécessaires pour toujours mieux nous cibler, et tout cela approuvé par les élus et la société métrobus. La société en charge de ces écrans s’appelle majority report, sans rire…

Les nouvelles technologies devraient être pensées aussi de manière à réduire notre emprunte carbonne. Que peut-on dire quand un seul de ces panneaux consomme jusqu’à 8760kWh par an ? Pour donner un ordre d’idée, chaque écran consommerait autant que 3 foyers de quatre individus selon danger écran pub.

La technophobie ou… le libre comme moyen de lutte contre le totalitarisme technologique ?


Il y a deux types de luttes possibles contre ces nouvelles technologies utilisées à des fins de contrôles par les grandes industries et cautionnée par le pouvoir politique, soit le rejet de la technologie en bloc comme le prône les technophobes, soit la transparence de la technologie pour garantir le contrôle citoyen. La transparence, c’est ce qu’ont demandés les associations anti-pub comme le R.A.P (Résistance à l’Agression Publicitaire) par un recours au tribunal l’année dernière qui s’est soldé par un refus catégorique du fabriquant Majority Report à ouvrir les plans de panneaux ACL. Bien que la compagnie assure que les capteurs ne sont pas activés, rien ne le prouve réellement !

D’où la question suivante, peut-on tolérer les technologies propriétaires dans l’espace public ?

Si l’espace public doit être accessible à tous, pourquoi les technologies installées en son sein ne le seraient-elles pas également ? L’installation de technologies privatrices n’auraient-elles pas pour effet de petit à petit déposséder le citoyen de son espace ?

3 commentaires pour “Peut-on tolérer l’opacité technologique dans l’espace public ?

  1. Et le nouveau permis de conduire dans lequel sera intégré une puce qui permettra de te suivre a la trace…..comme par exemple il y aura l’intégralité de ton passé de mauvais conducteur ou toutes autres informations….

    Pourquoi crois-tu que je n’ai jamais fait de demande de nouvelle carte d’identités?
    Ma vieille carte plus un permis de conduire ça suffit!

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