Dans une optique de durée du mouvement sur plusieurs semaines, il est nécessaire de proposer une stratégie d’action commune qui puisse être appropriée par l’ensemble du mouvement.
Afin que cette stratégie soit adoptée par le plus grand nombre, cette dernière, en plus d’être public, ne doit pas faire l’économie d’adapter les outils de mobilisation traditionnel dans un contexte où les techniques de communications actuelles ont radicalement modifiées l’organisation des relations sociales.
Les lycéens et étudiants, pour gagner le rapport de force, doivent mobiliser leur capacité de communication par les canaux médiatiques qu’ils entretiennent quotidiennement, via leurs smartphone ou ordinateur, afin de les transformer en outil de pression contre le gouvernement.
Je fais le pari que l’agrégation de ces canaux médiatiques individuels peuvent encore très largement contribuer à élargir le nombre d’étudiant-e-s et lycéen-ne-s impliqués dans le mouvement et produire une propagande créative qui va très vite gagner l’opinion.
Les lycées bloqués vont se vider, et de nombreux lycéens n’y reviendront plus. La communication par voix électronique devient le seul moyen de les inciter à s’inscrire dans le mouvement.
De plus, le mouvement doit réussir à transformer médiatiquement l’image de contestation négative (« ils ralent mais ne proposent rien ») en un mouvement de contestation et de propositions (« ils s’opposent mais ils proposent donc ils sont constructif » facteur légitimant auprès de l’opinion). L’objet n’étant pas tellement de produire des propositions politiques pertinentes ou devant être reprise pendant cette période d’action collective mais de produire une propagande spécifique permettant de modifier l’image négative du mouvement de contestation en un mouvement de proposition.
La puissance subversive d’un mouvement née de l’incapacité des structures pyramidales à en comprendre la dynamique. L’absence de structure organisées syndicales au sein des lycées rend la mobilisation lycéenne difficillement saisissable. Les syndicats doivent proposer un cadre favorisant la prise d’initiative des opposants à la lois travail tout en renforçant le relais de son propre discours, l’un pouvant alimenter l’autre.
Modifier le format de l’assemblée générale traditionnelle en assemblée générale participative
L’assemblée générale est un outil puissant pour coordonner le mouvement. Il s’agit de l’instance décisionnelle du mouvement, d’un moment d’apprentissage de la politique au sens direct du terme. Malheureusement, cette dernière est très souvent approprié par les même : ceux qui ont l’habitude de parler en public ou qui ont le goût pour. Par ailleurs, ces dernières durent souvent plus longtemps que ces participants n’y sont attentif, surtout aujourd’hui où les jeunes peuvent détourner leur attention vers leur smartphone à n’importe quel moment pour réagir à ce qu’ils entendent et par la même se mettre en retrait de la « communion » collective du moment.
En s’inspirant de la démarche de forum ouvert, l’assemblée générale participative consiste à faire succéder différente phase dans le processus d’assemblé générale.
Phase plénière : Information sur l’état du mouvement, perspectives, calendrier des actions et Une problématique générale est fixée au préalable : « Comment construire un mouvement de masse contre la lois El Khomri ? »
Phase 2 Travail en petit groupe : les participant-e-s sont invités à formé des petits groupes de quatre ou 5 personnes pour coopérer efficacement et produire de l’action très vite. Les petits groupes sont chargés de trouvés des solutions. Chaque petit groupe est chargé de produire un compte rendu. A la fin de son travail, chaque petit groupe est chargé de prioriser une action parmis toutes les idées retenues et de s’attribuer des tâches afin de la réaliser. (veiller à ce que les militants plus expérimentés se dispatchent dans les petits groupes afin d’assurer la coordination générale et un apport en terme d’expérience)
Phase plénière 2 : Les actions retenues sont lues en assemblées générale ; et l’assemblée générale va choisir une action (en plus des petites actions choisies par les groupes) qui sera réalisée par l’ensemble des participants de l’assemblée générale.
Proposer un répertoire d’action non-violent participatif
Pour que les petits groupes puissent agir, il est nécessaire de rendre public la stratégie d’action. Cette stratégie d’action doit être diffusée dans format pédagogique (vidéos par exemples) et humourisitique, ce qui favorisera l’appropriation collective de la lutte joyeuse. Un des éléments structurant de la stratégie est le type d’actions à mener, pour cela un répertoir d’action non-violent participatif peut être mis en ligne de façon à stimuler la créativité des opposants à la lois.
Nous pouvons nous inspirer du répertoire d’action non-violent de Gene Sharp et le décliner en exemple concret en utilisant des symboles qui collent à notre lutte. (cf annexe)
Ce répertoire pourrait être participatif et permettre aux internautes de proposer les leurs. Ceux respectant charte spécifique seraient répertoriés.
(exemples : http://www.reposeurs.eu.org/page/mode-demploi-et-principes.html / http://www.reposeurs.eu.org/page/les-vid%C3%A9os.html )
Agir sur les médias de masse
Les médias de masses doivent être pris à leur propre jeu : la recherche du sensationnel. Tant que le mouvement n’est pas capable de saturer les journalistes d’actions « sensationnelles » positives, les médias se concentreront sur le « sensationnelle » négatif. (débordements, violences…etc)
Les petits groupes d’actions doivent saisir eux même les médias, et ce de façon massive, afin de saturer le temps d’attention des journalistes. Pour cela, des outils doivent être mis en place pour faciliter la sollication de la presse par les petits groupes d’actions. Le mouvement doit faire circuler en son sein des listing de journalistes locaux afin de faciliter l’action des petits groupes. La presse locale étant la presse la plus lue en France… La multiplication des petits articles de presse locaux peut renforcer l’authenticité du mouvement et sa bonne appropriation par la base.
La responsabilité des syndicats : encapacité les opposant-e-s
Par essence, les structures syndicales sont méfiantes de l’autonomie d’action laissée aux participant-e-s, craignant les débordements et la perte de contrôle… Cette peur est un facteur de paralysie pour le mouvement et doit être rationalisé afin de libérer le potentiel d’action. Les centrales syndicales doivent s’emparer des outils de communication électronique pour organiser un contexte favorable à l’émergence d’une opposition constructive et auto-organisée.
Les syndicats peuvent même se revendiquer du contexte « tout azimut positif » à condition qu’ils participent à l’impulser en médiatisant par exemple une plateforme participative qui se ferait relais d’une stratégie non-violente globale pour l’ensemble du mouvement. Ainsi, tous les débordements pourraient être récusés par les centrales syndicale du fait du non-respect de la charte.
Par ailleurs, cette même charte pourrait contenir les propositions des syndicats de façon à se dégager de la responsabilité de propositions farfelues qui pourraient être médiatisé par des manifestants.
Aussi, si cette plateforme est correctement médiatisée et appropriée par les internautes, elle peut devenir un moyen de coordonner l’ensemble du mouvement par le relais de son discours.
Enfin, les syndicats doivent prendre garde à l’imaginaire véhiculé. Pour que la plateforme soit appropriée, une marque bien dissociée de celle des organisations syndicales doit être rigoureusement entretenue, condition de l’appropriation collective.
Antonin MOULART
Ex-Lycéen non-syndiqué et victorieux contre le Contrat Premier Embauche
Impliqués dans de nombreuses actions de désobéissance civile, notamment contre la publicité imposée (https://antonin.moulart.org), les indigné-e-s, occupy…
Organisateur coopératif de métier ( http://inicoop.org )