Jeudi 4 juillet aura lieu une réunion publique de concertation pour parler de la bitumisation de la colline d’Élancourt pour en faire… une piste de ski artificielle ! Oui, vous avez bien lus, une piste de ski en île de France à même pas 300 m d’altitude, dans une région où il neige une fois tous les deux ans. J’avais eu l’occasion d’évoquer le « skidome » dans ce billet, je croyais alors qu’il serait abandonné avec le départ de Robert Cadalbert de la présidence de la CASQY. Que nenni ! A présent nous savons que le réel canon à neige de ce projet mégalomane est Jean-Michel Fourgous le maire d’Élancourt et (premier) vice-président de la CASQY.
Projet pharaonique et mégalomane au cout de 50 millions d’euros, le PDG de Snow World promet qu’il sera pris en charge par sa société comme ce fut le cas pour le vélodrame désespérément vide qui continue de couter une blinde à la collectivité ! Les travaux seraient prévus pour début 2016, les aménagements autour seront évidemment pris en charge par le contribuable.
Des méthodes d’enfumage démocratique ?
Arrêtons nous sur cette invitation à la « concertation » publique de jeudi et sur la définition de ce qu’est une concertation. Pour wikipedia il s’agit de « l’action, pour plusieurs personnes, de s’accorder en vue d’un projet commun », le projet étant l’aménagement de la colline d’Élancourt, jusque là tout va bien, Wikipedia continue « La concertation se distingue de la négociation en ce qu’elle n’aboutit pas nécessairement à une décision, mais qu’elle vise à la préparer. », pour préparer une décision ou pour nous préparer à la décision qui a déjà été prise par Jean-Michel Fourgous et la CASQY de se lancer dans un nouveau grand projet inutile ? Cela signifie-t-il que le temps de parole sera équitable ? Que les arguments seront vraiment écoutés ? Il est permis d’en douter.
La nature cernée par la ville nouvelle
Car des arguments contre cette piste de ski, il y en a ! Le premier d’entre eux à mon sens est la question de la transition écologique. Cet espace naturel de la revanche où pousse des végétaux et se développe une bio-diversité n’est-il pas plus intéressant qu’encore et toujours du bitume ?
Car qui dit skidome, dit bitumisation du lieu et donc perte de biodiversité. Même si on nous promet que des coins seront préservés à la marge, la marge est clairement insuffisante. Ne serait-il pas un beau symbole que cette colline construite sur les combles de la ville nouvelle dans les années 70 donne naissance à un espace de nature anarchique ? Cela trancherait avec l’aménagement de la ville nouvelle jusqu’à présent où les coins de nature sont cernés par l’urbanisation et en état de mort cérébrale. Urbanisation mixte couteuse à l’entretien qui plus est. De nombreuses espèces animales ont disparut et le développement n’a pas été pensé comme un écosystème en interaction entre la nature et l’homme. Dans ces conditions, le « développement durable » n’a de durabilité qu’en l’avancé de la bitumisation. Nous sommes en train d’en revenir, les jardins partagés fleurissent, des initiatives de réintroductions d’animaux sont re-demandé par les habitants, des baques à potager sont introduits dans des villes comme à Guyancourt, pas plus tard qu’hier au conseil municipal les jardins partagés ont été mentionné dans les activités des rythmes scolaire… Bref, on est en train de ré-introduire des carrés de nature là où on a mis du bitume partout.
Un projet d’un autre siècle
Ce projet énergivore, tout comme l’aéroport de notre dame des landes, appartient à une conception politique d’un autre siècle. Un siècle où l’on pouvait concevoir le développement sans limite, un siècle où l’on croyait encore que l’énergie électrique était illimitée et peu couteuse grâce au nucléaire… Mais cette chimérique idolâtrie de l’abondance énergétique a pris fin avec Fukushima et l’incapacité de l’industrie du nucléaire à démanteler ses propres centrales en fin de vie. Aujourd’hui, nous savons qu’il faut amorcer la transition énergétique par le mixe énergétique du renouvelable ET qu’il faut encourager à la sobriété. L’un ne peut pas marcher sans l’autre. Ors ce projet de piste de ski en plein milieu de l’île de France est à l’opposé de l’optimisation énergétique. C’est aussi le rôle des pouvoirs publiques d’encourager les pratiques sportives adaptés à l’écosystème de la localité. Il existe des activités de parapente sur la colline de la revanche, pourquoi ne pas les encourager ? Beaucoup moins couteux énergétiquement, c’est une activité sportive qui a le vent en poupe, on a une super vue de l’île de France vu du ciel…
On nous vante du vent !
Quand on fait une petite recherche sur internet sur les pistes de ski intérieur, il est possible de repérer assez vite sur quoi repose se fantasme et son principal argument fallacieux de séduction. « Une piste de ski « indoor » c’est comme aller à la montagne mais en moins cher » et on pourrait même rajouter et moins couteux énergétiquement, en terme électrique et de carbone. Sauf que ça n’a rien à voir . La piscine à coté de chez nous remplace-t-elle un voyage à la mer ? Il y a une grande différence entre voyager et pratiquer une activité sportive. Le voyage c’est la découverte, prendre son temps, passer un moment agréable et dépaysant. Le sport c’est l’activité physique, le loisir, la vitesse, la concurrence et le dépassement de soit. En allant skier sur de la neige artificiel, vous n’aurez aucune sensation de la montagne ni son paysage ni sa neige, ni ses habitants, ni sa culture. On vous proposera un simulacre de culture visant à tromper et à séduire, avec des décors de montagne en carton, bar-restaurant qui coutera la peau du cul et qui s’appellera le « chalet »… Bref, ce sera chère, 50 euros pour une demie journée, sans compter l’équipement et la restauration sur place, seul les plus riches économiquement pourront se le permettre et ces mêmes gens sont ceux qui continueront de partir à la montagne car il n’y a pas de comparaison possible. Bonjour l’emprunte carbone et la consommation énergétique !
PPP Partenariat Pour Plumer la collectivité
Le vélodrame national porte bien son nom. Déjà les acteurs locaux pointaient du doigt son cout pour la collectivité et la perte de la biodiversité. C’est maintenant une certitude, pas un conseil d’agglomération sans que soit quémander de nouvelles subventions. La piste est régulièrement transformée en salle de spectacle ou d’évènements divers car sinon le lieu demeurerait vide et sans entrée d’argent. L’opérateur privé n’y trouve pas son compte et blinde les alentours de supports publicitaires envahissant, le premier écran publicitaire de SQY a été installé sur la façade (youpi). Bref, la pub comme d’habitude agit comme un cache misère, dégrade le paysage, bourre le crane des braves gens venus s’essayer à la pratique sportive du vélo… Les 20 euros de l’heure n’étaient pas suffisant, il faut aussi payer en temps d’attention à l’entrée. Le Skidome serait aussi un PPP qui ne coutera évidemment « rien » à la collectivité: promis, juré, craché.
Rendons-nous sur place jeudi et signons la pétition !
Puisqu’on est « concerté », « concertons » aussi Jean-Michel Foungous et préparons-le à une décision qu’il ne regrettera pas ! La décision de ne pas construire la piste de ski est inévitable autrement il risque de se trouver confronter à une ZAD de la revanche…
Article remarquable. Merci de vos arguments et d’avoir relayé l’information. je compte sur une mobilisation collective pour valoriser un contre-projet snas le skidome.
Oui voilà retour à l’immobilisme. Que les collectivités locales ne fasse jamais rien et le ‘bon francais’ se portera mieux
Qui est le bon français ? Celui qui est docile face à l’industrialisation du loisir ? Quel imaginaire décadent !
Tu as bien raison Antonin, ce n’est pas de l’immobilisme, c’est de la defense visuelle, ecologique, qui est le bon citoyen, celui qui ferme sa gueule quand il n’est pas d’accord ou celui qui l’ouvre juste pour nous cracher dessus ? Et si on ne parlait que de l’industrialisation du loisir, ce ne serait pas encore trop grave dira t on, mais la on parle de pollution, de saccage d’une nature qui s’est mise en place d’elle meme depuis plus de 30 ans, on parle de delire profond d’installer un congelateur de 20 hectares, et on appelle ca de l’immobilisme ? c’est tout le contraire je pense, c’est soulever le peuple et faire taire toutes ces abberations que l’on essaie de nous faire avaler, de nous dire sous couvert d’emplois que cette construction contre nature (a beaucoup de sens du terme) est une bonne chose, c’est tenter voire de reussir d’ouvrir les yeux aux gens que l’on nous force la main en nous vantant des projets soit disants respectant la nature, mais qui en fait sont tous le contraire, d’ailleurs, quand je pense qu’on nous demande d’eteindre la tv et non de la laisser en veille, et on va nous pondre un congelo de 20 hectares !
Soyons clair une « piste de ski » couverte à Élancourt est une absurdité tant au plan écologique qu’économique. Après il faut aussi reconnaître que la colline de la revanche est un endroit franchement glauque. Pour y être allé m’y éclater quelques fois à VTT, je suis loin de m’extasier dans cet « espace de nature anarchique ». Des aménagements s’imposent probablement pour faire de cette colline un espace agréable qui donne envie d’aller s’y promener, mais surement pas un parc d’attraction.
Je pense aussi qu’il faut éviter de comparer le Vélodrome et ce projet de piste de ski qui sont en réalité deux problématiques bien différentes. Le vélodrome répond à un besoin national qui est réel (absence de vélodrome aux normes olympiques), tandis que même en y réfléchissant bien j’ai du mal à situer ou se situe l’intérêt d’une piste de ski si ce n’est celui de l’investisseur (Snowworld). L’impact écologique de chauffer un hangar à -5 degrés 24/7 est aussi probablement plus élevé que celui du Vélodrome tout compris.
@Benoît,
Oui des aménagements simple sur certaines zones pour faire un sentier de balade pourquoi pas…
Les maires de la ville nouvelle glorifie l’idée de « ville-campagne » depuis les années 70 les mairies travaillent pour la ville, il serait temps de travailler pour la campagne !
Si de l’argent doit être investie, il faudrait qu’il soit dirigé dans la dépollution de la colline. On en parle jamais mais cette colline pourrait être àl’origine de troubles sanitaires chez les riverains. Que l’on laisse une nature plus ou moins anarchique se développer, je suis pour, mais surtout une nature saine…
Avant la constitution de la colline, on pouvait pêcher l!ecrevisse dans les cours d’eau ! Aujourd’hui c’est a peine s’il y a des poissons chats…
La prochaine réunion publique est programmée pour le mercredi 12 novembre à 19h00 au Complexe Sportif Europe.
IL faut relayer l’information !
Oui, exact, je vais écrire un article.
Merci pour le commentaire.
je fais partie des milliers de Franciliens qui attendent d’avoir une piste de ski indoor pour pouvoir faire les progrès enfin en ski et en snowboard. C’est très surprenant de constater le côté rétrograde de ces remarques. On ne peut pas progresser en montagne en y allant une semaine par an, impossible. Déjà les 2 premiers jours on fatigue. Ensuite l’année d’après il faut tout recommencer. Et ces mêmes personnes qui nous parlent d’écologie nous encouragent à prendre notre voiture et à faire de longues distances polluantes et dispendieuses en énergie fossile. Pour apprendre et progresser en technique, nous les snowboarders Franciliens sommes obligés d’aller en Lorraine où se trouve la SEULE piste de ski indoor de France tandis qu’en Hollande il y en a une floppée. Rétrogrades les Français ? Vu de l’extérieur…
Le vélodrome de SQY n’est pas ouvert à la pratique publique me semble-t-il… En revanche une piste de ski indoor si. En Ile de France une telle piste aurait un succès phénoménal ! et pas pour les gens qui ont de l’argent comme le suggère les langues tendancieuses, mais pour ceux qui en ont peu justement ! Non le snow n’est pas un sport de riche. Allez donc faire un tour à Landgraaf ou à Amnéville et vous comprendrez immédiatement ce que vous loupez en rejetant ce projet. A Landgraaf j’ai vu un vieil homme entrer dans le dôme avec ses skis en mains, il marchait avec difficulté. mais il semblait si heureux de pouvoir venir glisser ! Croyez-vous qu’il avait les moyens de partir pour Val d’Isère ?