La publicité est partout et propage des normes qui construisent les représentations. Afin de réguler l’expression publicitaire, l’ARPP valide les publicités ou non afin qu’elle ne heurte pas la sensibilité des personnes. En plus de l’ARPP, les associations, lobbyes et politiques qui défendent une cause particulière font pression constamment sur l’expression publicitaire afin de faire triompher ses intérêts particuliers. Que ce soit J-Y Ledrian qui porte plainte contre France Nature Environnement qui montre une plage Bretonne pleine d’algue verte, les groupes féministes comme chienne de garde contre Lise Charmel ou même les groupes masculiniste qui commencent à faire parler d’eux… Ce ne sont pas les exemples qui manquent, on pourrait continuer longtemps.
La publicité est un média, et comme tous les médias, la publicité doit pouvoir s’exprimer librement, quelque soit le message. Je ne jette pas la pierre à ces associations qui ont raison de s’exprimer sur ces problématiques, car en effet, la publicité pose un réel problème de société. Mais ce n’est pas le contenu des messages le problème. Non, le problème est leur omniprésence et leur pouvoir coercitif. La publicité, et donc ses messages, s’impose à nous à cause de son format démesuré. Les panneaux de 4m par 3 ne peuvent être évités, fatalement, notre regard balais ces images immenses et nous absorbons, telles des éponges, les messages consuméristes. Ne parlons pas de ces bâches publicitaires gargantuesques, comme sur l’opéra Garnier, qui occupent et défigurent l’espace public. Désormais, des panneaux vidéos publicitaires apparaissent un peu partout en France, que ce soit à Paris ou en province. Le mouvement de l’image capte irrémédiablement l’attention du passant, qu’il en ait envie ou non, la source de lumière est un appel mécanique à s’imprégner du message.
La profusion de l’information dans notre société en pleine révolution est une chance incroyable d’accéder au savoir et à la connaissance. Seulement, on croule sous des tonnes et des tonnes d’infos au quotidien que nous avons beaucoup de mal à digérer. Mais peut-on trier une information qui nous est imposée ? Bien sur que non. Pour relever le défis du tri de l’information, il est indispensable que les messages non-sollicités puissent être ignorés. C’est le cas pour la publicité sur internet, il est possible de bloquer la pub avec des extensions de navigateurs comme « ad block plus ». C’est le cas aussi de la boite électronique où il est permis de qualifier un message de pourriel. Malheureusement, nous ne jouissons pas de moyens comparables pour faire le ménage dans l’espace public physique. La question se pose alors, quelle réglementation pour garantir la liberté d’expression des annonceurs, qu’ils soient marchand ou non, ET la liberté de réception des citoyens ?
La solution qui me parait la plus crédible et qui est portée par des organisations comme les déboulonneurs ou le RAP est la réduction de la taille des publicités. Si les publicités sont plus petites et qu’il est nécessaire de se rapprocher pour en saisir le message, alors elles ne sont plus imposées aux citoyens. Une réduction à la taille réglementaire de 50x70cm serait plus que la bienvenue et permettrait de désengorger nos rues d’informations non-désirées par le public.
Merci Antonin pour ton article.
J’ai l’impression que l’industrie de la publicité a fleurit car elle a toujours pu s’imposer de plus en plus dans l’espace public et les consciences.
D’ailleurs le mot conscience est mal choisi quand on sait le rôle que le neveu de Freud a joué dans l’émergence de l’industrie des relations publiques entre les deux guerres aux Etats Unis http://dai.ly/6H0vyB
Partant de cela, je ne suis pas sur qu’on puisse parler de liberté d’expression de la publicité, ou alors il faut développer une éducation aux médias et à la publicité pour que les citoyens disposent des armes nécessaires pour résister au bombardement de messages.
Personnellement, quand j’ai vu la campagne de je ne sais plus quelle chaîne du câble qui jouait sur l’opposition : tes parents sont dépassés / ta chaine TV va les remplacer, je me suis dit qu’il y a certaines limites qui sont franchis et qui ne sont pas porteuses de cohésion pour la société et les groupes sociaux : le but étant plutôt d’articuler la consommation avec des conflits entre les gens…
A l’inverse, pour être passé par l’ARCEP pour faire valider des billboards au moment de la diffusion du Superbowl sur France 2 il y a quelques années, nous nous étions fait retoqué sur l’utilisation d’un terme en anglais dans une phrase…
Enfin, on peut rappeler qu’une bonne partie (je n’ai pas trouvé le chiffre) des panneaux publicitaires 4×3 en France sont implantés sans autorisation !
Salut Thomas,
J’entends tes arguments, mais aussi exécrable soit une expression, cela reste une expression. La liberté d’expression est un principe qui fonde nos démocraties et ne devraient être remis en cause ni par les courants politiques minoritaires ou dominants qui font joujou avec pour défendre leurs positions.
En fait, je viens de dire une connerie, la liberté d’expression ne fonde pas notre démocratie, et c’est bien un problème.
D’accord pour l’impossibilité d’éviter la publicité routière de nos jours, au vu des panneaux énormes tous les 10 mètres dans les zones commerciales.
Je ne peux moi même pas les éviter quand je suis au volant, mon œil est capté par l’image, involontairement, et c’est inévitable. Et encore, ce ne sont que des images fixes et non lumineuses !
Je trouve que, en plus de polluer l’environnement visuel et de donner l’impression d’un bourrage de crâne, ça ajoute quelque chose de dangereux : le conducteur est vitre distrait, détourne souvent le regard. Ajouté à cela une circulation dense, je suis sûr que le nombre de chances d’un accrochage est plus élevé !
Tu as raison Vanaryon. En Grèce, ils les ont interdit sur la route d’ailleurs.
Qui sait combien de publicité l’ ARPP a t’elle supprimé l’année dernière ?
Si on supprimait la liberté d’expression aux publicitaires on supprimerais les campagne électorale et les « SOUS PRODUIT » qu’ils vendent … Alors non, il ne faut pas supprimer la liberté d’expression des publicitaires parce que ce n’est pas une liberté d’expression que de fabriquer le consentement il faut supprimer les publicitaires eux mêmes »profession »