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L’histoire ne nous raconte pas l’histoire, elle nous raconte la moitié des faits. L’autre moitié s’est faite couper la langue, son silence est criard.
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La France a des problèmes de mémoire. Elle connaît Malcolm X mais pas Frantz Fanon, pas le FLN ; connaît les Blacks mais pas les Noirs, diffuse les story cow-boys et indiennes, mais de la tragédie cow-boys et algérienne faut rien savoir.
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Les humains sont comme des arbres : ils ont des racines aux semelles. Pour certains elles sont lointaines et ceux là ils en ont marre que de leur lointaine histoire plusieurs versions se démêlent : pour atteindre les deux bouts ils font tout seul leur grand écart. Système assimilatoire qui crée des êtres à problèmes, identités en gruyère, orphelins de leur mémoire. Vu qu’on passe à la passoire les causes de tous nos mystères, nos causes partent, restent les problèmes, et tout ça crée des ignares.
Intégration à l’entonnoir qui prône un modèle unique, et pour ceux qui ont cette saleté de chance d’être multiples : « au revoir ». Système assimilatoire, amputation des tuniques, amputation à l’identique et mise du voile à l’histoire. Mais l’histoire n’est pas unique, sacrée pour un pays qui se dit laïc. Parfaite, sainte, extrémiste : un Dieu auquel faut croire. Le pays a du mal à regarder ses chapitres comme lui-même : pluriels, multiples. Il nous laisse frêles et limites, avec des problèmes de mémoire.
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