Ce soir, le conseil municipal fut bien agité. Et pour cause, une bonne centaine de personnes se revendiquant de confession musulmane ont fait leur entrée dans la salle. Ce qui a produit une drole d’impression, car nous sommes habitués à des séances publiques assez plates et surjouées entre l’UMP et le PS qui se tirent la bourre la plus part du temps sur des détails sans importance. A l’évidence, cette centaine de personnes étaient là pour quelque chose d’important, au moins à leurs yeux.
Quel était l’objet de leur présence ?
Sans polémiquer sur le fond dont je n’ai pas la prétention de connaitre les détails, cette association musulmane est venue demander à la municipalité de retrouver un local. L’ancien qui leur avait été prêté par la municipalité a été fermé suite à des travaux. Quelques personnes présentes ont clamé que ça faisait un moment que les travaux ont été terminé. François Deligné a affirmé que les conditions de la convention n’avaient pas été respecté et que c’est pour cette raison qu’aucun local ne leur avait été restitué en raison notamment d’une occupation après dépassement de la convention.
Pendant la séance
Je n’ai aucune idée de la légitimité de la demande de cette association musulmane, néanmoins je suis choqué par cet incident qui dénote la difficulté de la municipalité à intégrer l’ensemble de la population dans le processus démocratique. Si sur la forme, l’intervention d’une partie de la communauté musulmane Guyancourtoise était clairement malvenue et vécu comme une agression dans cet espace parlementaire -garder un silence totale pendant la séance et déployer une banderole aurait été bien plus efficace pour interpeller- je déplore l’absence d’espace de débats extérieurs qui auraient pu amener à faire émerger des solutions collectives.
Plutôt que d’intégrer la communauté en donnant la parole à un leader à l’intérieur du conseil municipal, François Deligné s’est braqué à développer son discours à sens unique. Des spectateurs en colères ont tenté de l’interrompre en eructant « vous ne tenez pas vos engagements », « l’échange ça va dans les deux sens », « c’est vous qui ne nous respectez pas ». Je reconnais au maire sa patience qui a permis d’éviter que la situation ne se tende d’avantage, néanmoins, c’était une grave erreur de penser que conseil municipal n’avait pas besoin d’écouter ce que ces gens avaient à dire.
Le dernier va-tout de François Deligné a été la plus grande maladresse. Pour se débarasser des « geneurs », ce dernier a annoncé le huit-clos. Dans le contexte et avec le niveau de tension qui était en cours, cette décision était tout à fait légitime. Je me suis donc levé avec quelques ami-e-s assis pas loin et nous sommes partie. Seulement, nous avons été juste quelques-uns à sortir de la salle. Je veux dire que seul un petit nombre de personnes a respecté la volonté du maire. Dans un premier temps, les Guyancourtois mécontent sont restés, et puis dans la demie heure ils sont progressivement sortie, voyant que la discussion n’aboutissait pas. Une fois qu’ils sont tous sorties (les mécontents), le conseil municipal a repris. Mais pas à huit clos ! De nombreux spectateurs soutiens à la majorité, et surement aussi à l’opposition, sont restés dans la salle.
Une crise de la démocratie locale à Guyancourt
Je trouve ce deux poids deux mesures déplorable dans une situation qui requiert de la justice. Alors que ces musulmans sont venus demander un espace pour ne pas prier dehors, le maire n’a pas trouvé meilleur solution que de les exclure de l’espace politique par une petite manoeuvre, les confortant ainsi dans leur position de victime d’une discrimination. Cette façon de procéder dénote une défaillance claire de la culture démocratique de notre maire qui enchaine les mandats depuis un sacré moment. Le manque de renouvelement amplifie la crise.
Je ne parle pas non plus de sa gestion des conseils municipaux au quotidien, j’ai pu m’appercevoir à force d’y assister que son rôle de chef politique de la majorité et son role d’animateur général des séances sont en conflit d’intérêts permanent. Dernier exemple en date, la lettre récente qui a été adressé aux Guyancourtois-e-s les mettant en garde contre les coupes budgétaires de la CASQY au niveau culturel. Bien sur, je suis opposé à ces coupes, mais n’est-ce pas le rôle des citoyens engagés et des militants politiques d’être actif sur ces sujets ? D’aller boiter, être à l’écoute de la population, organiser des espaces de discussions et d’auto-organisation… L’utilisation des moyens municipaux pour orchestrer une campagne politique auprès de sa population n’est-elle pas encore une fois une confusion des genres ? Les impots locaux, tout le monde les paient et pourtant tout le monde n’a pas voté PS à Guyancourt.
Et si certains soutiens de la majorité affirment déjà qu’il n’a pas vraiment annoncé le huit-clos, la preuve du contraire au format vidéo ne devrait pas tarder a être mise en ligne par les nombreux citoyens qui filmaient dans la salle.
La séance en vidéo par SQY Ouvert / Le Complément !